de simples passagères
Il y a des choses qui restent gravées au fond de la mémoire, dans le fond des yeux. Il y a des objets qui restent posés sur l'étagère d'un living et que plus personne ne remarque plus. De loin, on pourrait prendre cela pour un dessin d'enfant. C'est plein de couleurs pastel, du rouge, de l'orangé, du bleu. On distingue une silhouette imprécise, féminine. L'on ne la voit que de dos. Elle regarde ce qu'on devine être un coucher de soleil sur
Il y a des choses dans le décor qui pourrait donner des indices sur l'histoire et sur le destin. C'est un peu comme si, tout était déjà écrit. Mais les visiteuses ne le voient pas. Elles restent à la surface du verre de Soho, de Margarita ou de soda, sans sucre. Elles ne voient pas. Elles le regardent parfois se mettre à la fenêtre pour fumer ou terminer son verre. Elles distinguent les mouvements rapides de sa tête qui se dandine et qu'elles prennent pour les signes de sa nervosité. Elles comprennent bien vite qu'il ne dort que peu, qu'il a cette chose qui les attire à fleur de peau. Alors elles se lancent. Elles croient que les mots qu'il prononce le racontent complètement. Il radote tellement sur quelques récits, quelques anecdotes.
Mais il y a tellement des choses posées sur l'étagère du living et qu'elles ne voient pas. Comme elles ne devinent pas les larmes qui noient le regard de ses yeux quand il fixe l'horizon fragile et fini de ce ciel de plomb. Non. Elles ne comprennent rien. Quand elles ne sont que de simples passagères.
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